samedi 30 janvier 2010


Est-ce le soleil revenu, la neige fondant sous ses rayons, le chant des oiseaux au petit matin, je ne sais pas, mais il y a dans l’air un petit quelque chose qui m’appelle au grand large. La mer, cette mer si douce qui pourtant peut se gonfler d’écume ou se soulever de colère, si bleue, si verte, si grise, m’attire aujourd’hui. Depuis quand n’ai-je pas été au bord de ses flots, n’ai-je pas entendu le bruit incessant de ses vagues, n’ai-je pas été étendue sur ses plages au sable fin ? Une éternité. J’ai bien approché il y a peu l’océan aux Etats-Unis, trempé mes pieds dans la mer baltique à Jurmala, mais juste le temps d’un voyage, le temps d’un regard, car il y a des années que je ne suis pas allée en vacances pour un repos du corps et de l’esprit, que je ne me suis pas baignée dans l’eau salée, que je ne me suis pas allongée face au soleil pour simplement fermer les yeux et ne penser à rien. Si je m’écoutais à l’heure où j’écris, je filerai vers l’océan de je ne sais quelle contrée, prendrai un petit bateau à la voilure blanche et naviguerai en solitaire jusqu’à une île déserte. Heureusement qu’il y a les rêves ! Sans eux il n’y aurait plus d’espoir... et peut-être est-ce cela cette promesse retrouvée que depuis hier je recherche en vain, avoir l'éternité pour me reposer de tous les efforts accomplis afin de créer quelque chose de cette vie qui s'achève. Je ne pensais pas que je le vivrai ainsi mais c'est un cadeau d'une immense valeur de réaliser que l'on a malgré toutes ces perles brillantes tombées au fond de la vallée des larmes réussi à en ramasser une qui est l'Etoile que l'on a suivi tout au long de la route qui nous a été impartie. Bien sûr cela ne veut rien dire ce que je dis là, mais tant pis, tant mieux, tu as raison Yori, nos soixante années d'amitié sont plus fortes que l'égo du savoir, l'autre plus important que soi sans tomber dans la martyrologie. Chouette, un mot inventé, non ?

Voilà à quoi sert ce blog, à me confier, à voir l'évolution de la maladie, à être très à l'écoute de ce qui m'est dit et ô combien il faut faire attention à ne revevoir que le bon côté des mots, pas le négatif qu'il est inutile d'invoquer puisque de toute façon c'est trop tard. On n'a pas besoin de prédire ce qui arrivera au point de vue souffrance, laissons le destin s'accomplir, laissons les âmes comme la mienne confiante et naïve s'accomplir sans la noyer dans un labyrinthe de nons-dits quant à "Oh vous savez, on ne peut pas toujours calmer la douleur, on n'y arrive pas à chaque fois, faut s'y attendre, mais on fait ce qu'on peut".

Oui, tout le monde fait ce qu'il peut, c'est une évidence, et ici à la maison médicale Jeanne Garnier on en a tous conscience que c'est fabuleux même si d'autres unités de soins palliatifs sont égaux en soins,en humanité, en qualité.

D'ailleurs c'est là que je voulais venir, uniquement cet endroit m'appelait, j'ai déjà dû expliquer mille fois pourquoi, car je radote un peu ces derniers temps.

Et pour finir j'ai retrouvé l'essentiel de ce que je voulais exprimer dans le post précédent, mon fils, mon mari, Iveta, Aliénor, Anastasia, Jean-François, Anna, papa, mama, marraine, parrain, ma famille, Titi, Tosca, Troïka, eux, elles, mes amis, ils sont ma réussite, c'est eux l'importance de ma vie passée sur Terre, je m'en vais en les aimant très fort, et à présent je sais qu'eux aussi m'aiment très fort. Oui mon fils.

12 commentaires:

  1. vous écrivez si bien... derrière vous je ne sais plus que dire, je vous souhaite un très doux week-end avec ceux que vous aimez. Thaïs, ma petite york fait un coucou à Troïka et Tosca.
    Nicole

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  2. Ils sont tous tellement beaux ceux que vous chérissez et qui vous chérissent
    Profitez au maximum de cet amour qui vous entoure, vous vous faites du bien et vous leur faites des souvenirs inoubliables
    La mer.....ah! comme je comprends votre nostalgie
    Vos écrits dénotent une incroyable force de vie partagée
    Juliette

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  3. je trouve qu'il y a beaucoup de serenité ,d'amour ,on vous sens tellement aimé et vous tellement aimez ce qui vous son cher ,tout cela iradie à travers votre ecriture,c'est beau et rassurant pour nous qui souffrant du cancer,merci d'ètre aussi honnete .je souhaite que chacune de vos douleur soit maitriser par un traitement,courage à vous et une pensée affectueuse pour votre fils Eric.la mér ,fabuleuse vision peut étre parceque je suis meditéraneenne.bon week-end à vous.

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  4. J'aime ce que vous écrivez, c'est très beau, vos mots traduisent la force de l'amour qui vous soutient, l'amour que vous éprouvez pour les autres et celui que les autres éprouvent pour vous. Vous lire, c'est comme boire une infusion d'espoir et de tendresse. Merci.
    Et les images que vous publiez sont aussi très belles. Est-ce vous qui les réalisez ? et comment ? Celle d'aujourd'hui, le voilier qui prend le large dans une mer parsemée d'éclats de lumière, me touche particulièrement.
    Bonne soirée à vous et à bientôt.
    Isabelle

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  5. Chère Annie,
    J'ai 23 ans, soi-disant l'âge de l'insouciance, et vos mots me permettent à chaque fois de faire un peu plus la paix avec la vie.
    Merci.
    Je vous souhaite de continuer votre voyage intérieur doux et plein d'amour.
    Bises
    Audrey

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  6. Ah, ma Ni, quel voyage tu nous fais faire! A travers tes mots, on la sent couler sur notre peau cette eau bleue, on les entend s'écraser sur le sable ces vagues fougeuses, et on a envie, comme toi, d'aller se ressourcer au coeur d'une nature éclatante, d'aimer comme tu aimes, et de s'appliquer à en faire une réussite de vie et d'éternité. Merci pour ces images, ces sentiments, cet essentiel qui nous échappe si souvent... MillBises de YoYo

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  7. Chère Annie,
    comme tu écris bien! Je viens souvent sur ton blog et tu m'apprends beaucoup sur la vie et la patience.
    J'adore ta photo et ton sourire à 20 ans. Il est resté le même aujour'hui.

    Bonne nuit et plein de pensées affectueuses

    Trinity

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  8. Annie,
    St Jean de la Croix disait : "Au soir de notre vie nous serons jugés sur l'amour" Le Seigneur vous montre tout l'amour que vous avez reçu dans votre vie et celui que vous avez donné. Le reste ne compte pas aux yeux de Dieu.
    Que le Seigneur vous bénisse et vous garde.
    Louis

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  9. Vos écrits me rappellent un livre de Christiane Singer "Derniers fragments d'un long voyage", peut-être pourrez vous y jeter un coup d'oeil...
    L'amour est ce qui EST, bien sûr.
    le dernier paragraphe du livre, pour vous:
    "Je vous le jure. Quand il n'y a plus rien, il n'y a que l'amour. Tous les barrages craquent. C'est la noyade, l'immersion. L'amour n'est pas un sentiment, c'est la substance même de la création...
    J'ai reçu par ce livre le lumineux devoir departager ce que je vivais dans ce temps imparti pour que la coque se brise et fasse place à une existence dilatée. Ce faisant, j'ai sauvé ma vie en l'ouvrant à tous...
    Il n'y a que perdre sa vie qui ait toujours le même visage: ne pas oser parier sur l'homme intérieur, sur l'immensité qui nous habite. Ne pas oser l'Elan fou, l'Eros fondateur, ne pas plonger vers l'intérieur de soi comme du haut d'une falaise. J'ai plongé. J'ose le dire, oui, cul par dessus tête j'ai plongé!
    Tu connaîtras la justesse de ton chemin à ce qu'il t'aura rendu heureux. (Aristote)
    Du fond du coeur, merci."

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  10. Tu as enlevé la BD que tu avais mise ? Dommage je l'ai bien aimée :o)
    Douce nuit Annie et à demain.

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  11. MaNiNi,
    pensé à toi souvent au cours de ces deux jours et suis heureuse de lire tes émois et réflexions ce soir...
    Cette Lumière en toi irradie tout autour. Dieu est ainsi mystère, qui, au coeur de nos ténèbres, dans nos moments les plus sombres, nous illumine de l'intérieur. Je prends tout, et c'est chaud, et cela fait du bien...
    Quand veux - tu que je vienne cette semaine ?
    J'ai hâte de te voir.
    J'adoooore la photo de toi avec ton petit pantalon blanc ( déjà slim, tu as toujours été avantgarde!).
    J'arriIIiiiive, mille baisers, Eve

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  12. Chère Annie, j'habite dans le 15 ème à Paris et ma belle-sœur travaille à Jeanne Garnier dans le secrétariat de direction. Si vous le voulez bien, je vous rendrai visite dans la semaine. Je suis très émue par votre blog qui démontre un grand courage. A bientôt. Lucie

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