mercredi 23 décembre 2009

Saloperie de maladie. Chaque jour elle ronge un peu plus le corps. Les médicaments contre la douleur agissent mais parfois il y a un manque et il faudrait augmenter la dose. Plus de projets, plus d'avenir, plus rien qu'un lit. La mort ne vient pas vite, elle s'approche au ralenti, injustement cruelle.

lundi 7 décembre 2009

Me voilà revenue d'un merveilleux moment passé à Paris avec Éric, j'ai pu revisiter les lieux que j'aime et voir la comédie musicale, aucun problème, aucune douleur, aucune baisse de moral, deux jours magiques. De l'hôtel Mercure où j'ai dormi samedi soir j'apercevais de la terrasse de ma chambre la Tour Eiffel, les quais de la Seine, la Grande Bibliothèque, le Palais Omnisport de Bercy, le métro aérien, et j'entendais le bruit continu de la ville. Le temps était gris, il y avait la pluie, mais je suis restée sur la terrasse pour respirer cet air de Paris et j'ai dormi rideaux ouverts pour profiter au maximum du ciel de la capitale. Je me suis sentie si bien, et encore ce matin malgré les prémices du retour en enfer, qu'il m'était, et m'est toujours, difficile de penser que je vais mourir bientôt.
L'opéra rock Mozart n'avait rien d'exceptionnel, c'est un spectacle davantage basé sur le commercial que sur l'artistique, les costumes, les décors étaient superbes, c'est vrai, mais le résumé de la vie de Mozart était confus, très peu de musique du compositeur à qui cette comédie musicale est dédiée, pas d'émotions, juste de jeunes artistes sans doute en devenir mais pas encore accomplis, un peu déçue tout de même de constater qu'il y a une baisse de niveau concernant le jeu des acteurs et des chanteurs, en fin de compte chacun reste dans sa catégorie, il n'y a pas cette puissance à l'américaine qui offre par le travail la possibilité à chacun de savoir tout faire. Mais surtout, surtout, on sort du théâtre sans avoir la notion de qui était Mozart, les jeunes présents dans la salle applaudissaient les interprètes avec force et joie mais n'avaient rien retenu de Mozart, à peine son nom...

samedi 5 décembre 2009

Mon rêve se réalise! je peux partir à Paris pour revoir ma ville et assister au Palais des sports à la représentation de Mozart l'opéra rock! Et en plus une grande surprise pour moi, un immense bonheur, mon fils revenu spécialement de l'étranger m'attendra à la descente du train. Quel journée magnifique cela va être! pas de douleurs ce matin, elle est en sourdine grâce au traitement de cheval que m'a prescrit mon médecin en soins palliatifs. Merci à lui. Merci à mon fils. Merci pour cette grâce divine.

vendredi 4 décembre 2009

Incroyable mais ce matin j'ai 20 ans... Mon esprit est libre, mon coeur empli de joie, mon corps sans douleurs, c'est une grâce de retrouver cette jeunesse oubliée depuis si longtemps. Oui j'ai 20 ans en raison de ce paradis artificiel qu'est la cortisone à haute dose, et je profite de l'instant présent pour vivre intensément ces moments miraculeux. Les sensations sont décuplées, le ressenti est si fort, c'est tellement impressionnant de n'avoir plus aucune souffrance physique, plus aucune fatigue, plus de pensées négatives. C'est une immense grâce de profiter de ce repos de l'âme et du corps et peu importe le temps que cela durera, à présent, mais le plus tard possible, je peux mourir en conservant dans ma mémoire cette jeunesse revisitée.

jeudi 3 décembre 2009

Nous voilà déjà le 3 décembre... Toujours pas morte! Après des jours difficiles avec douleurs intenses et moral au plus bas me revoilà sur ce blog que je pensais abandonner par un manque réel de motivation. Pourquoi écrire? à qui s'adresser? Et puis un nouveau traitement me redonne, non pas l'espoir, hélas la mort m'attend, mais un peu plus de vigueur. Je suis comme une plante assoiffée que l'on vient d'arroser... j'ai l'impression de revenir à la vie. Tout cela est artificiel, les médicaments sont là pour donner l'illusion de reprendre des forces, et mieux vaut ne pas oublier de les avaler en temps voulu! Ce matin j'ai les joues rouges, une mine éclatante, et pour la première fois depuis un bon moment pas de fièvre! Youpie!!!
La bonne nouvelle est que ce matin j'ai la sensation de pouvoir réaliser mon rêve qui est ce retour à Paris pour une journée afin d'assister au Rock opéra Mozart et revoir les lieux privilégiés de ma ville tant aimée. Bien sûr encore deux jours avant de savoir si ce samedi sera un bon jour mais j'y crois très fort tant c'est ancré dans mon esprit. C'est fou comme se donner un but, se fixer un objectif, peut influencer le corps. Oui, j'ai encore la volonté de croire que c'est possible, de vouloir et pouvoir réaliser un rêve. Mon deuxième objectif si je réussis celui-là sera de fêter mes 70 ans le 18 avril prochain. Le maximum du maximum que l'on me donne à vivre est huit mois. J'ai compris que le médecin n'y croyait pas et que deux mois semblaient être pour lui le maximum. C'est déjà mieux que les 15 jours que les médecins de l'hôpital prévoyaient... Je ne crois pas du tout ce matin à ma mort imminente, non, pas du tout, et même aujourd'hui je pense vivre bien plus longtemps que l'on imagine. Mais bien sûr ces derniers jours je pensais mourir très vite, comme quoi nul ne sait quand la faucheuse pointera vers moi le bout de son outil tranchant.
Et nul ne sait non plus ce qui se passera après, j'ai beaucoup de mal avec ce qui est dit chez les chrétiens, et je suis chrétienne, que le sang versé par Jésus rachètera mes fautes. Je ne comprends pas pourquoi il aura fallu que Jésus souffre sur la croix pour que je puisse aller au ciel. Pourquoi Dieu a-t-il voulu cela? En fin de compte, après toutes les explications, lectures, discours et blablas, j'en reviens au primitif : Dieu est Amour.