mardi 24 novembre 2009

Hier je l'ai fait, j'ai pris ma voiture et suis allée dans cette grande surface acheter les décos de Noël, moches d'ailleurs, des décorations sans ce charme d'antan, froides, à l'image de notre société. Il n'y a pas eu ce plaisir attendu, comme un manque de confiance en soi qui restreint la spontanéité du moment, bizarre comme impression. Et ce matin j'ai entendu à la radio l'histoire de ce pauvre jeune homme dans le coma depuis 23 ans suite à un accident de voiture et qui, malgré tous les dires des médecins, était conscient et non pas dans un coma végétatif. Pendant 23 ans il a entendu les médecins parler de lui comme d'un légume, pendant 23 ans il a subi les soins et les examens sans pouvoir communiquer ni faire comprendre qu'il était conscient comme toutes personnes bien portantes. Affreux. Jusqu'au jour où un neurologue belge a vu que ce garçon avait une perception des choses. Après un scanner qui a révélé que son cerveau fonctionnait tout à fait normalement, que ce jeune homme vivait une vie intérieure très intense, ce neurologue a réussi à le sortir du coma et petit à petit le garçon communique grâce à la technologie actuelle avec un ordinateur même si bien sûr il est toujours dépendant. Quel calvaire cet homme a vécu, et sans l'aide de ses parents qui ont toujours su que le diagnostic des médecins était erroné, sans doute serait-il toujours dans ce coma considéré comme végétatif. En fait les médecins ne savent pas tout malgré leurs convictions, la science n'est pas fiable et bien des erreurs sont commises.

lundi 23 novembre 2009

Voilà qu'à présent j'ai envie de prendre ma voiture et filer. Ici pas d'endroits sympas à visiter, rien que d'ordinaires magasins sans attraits, mais je veux tout de même acheter des décos de Noël afin d'égayer ma chambre. L'envie est là mais je doute de mes forces et au final j'ai un peu peur de rester en rade le long du chemin. Une sorte de paresse intellectuelle et physique s'est emparée de moi, on m'a tellement dit ce qui allait arriver si je ne faisais pas ce que la médecine préconisait que cela a gagné mon cerveau qui refuse d'obéir à mes envies. Pourtant je suis vivante et personne ne peut prédire l'heure de ma mort. De plus en plus je reste alitée avec le sentiment que ma place est là, et c'est vrai que c'est l'endroit où je me sens le mieux. Que s'est-il passé pour que j'en arrive à ça? Où est passée ma volonté d'antan? Dois-je lutter contre cette paresse inacceptable qui me donne l'impression d'être nulle ou laisser mon corps se reposer au détriment de mon esprit? Non, je vais m'habiller et prendre ma voiture, je vais parcourir les allées de la grande surface à la recherche de n'importe quoi qui me donnera le sentiment d'être une personne comme les autres et non pas cette malade à qui l'on a annoncé la mort prochaine. Il ne faut pas m'enterrer si vite parce que je refuse tous les traitements que les médecins veulent m'imposer pour mon bien.

dimanche 22 novembre 2009

On finit par être perdu dans un dédale de pensées n'ayant aucun rapport les unes avec les autres. La mort n'est pas véritablement présente, elle est suspendue à un souffle quelque part près de la colonne vertébrale, à moins qu'elle préfère se nicher ailleurs, il y a tant de points névralgiques dans ce grand corps allongé qui est le mien. Je contemple parfois la peau fripée de mes bras dont les muscles fondent au gré des kilos envolés. L'esprit esquive les grandes questions philosophiques et spirituelles, il se contente de regarder des images de la foi,, étonné d'écouter des blablas compliqués de la part de personnes appartenant aux diverses religions, discours le plus souvent incompréhensibles, le dernier en date dont mon esprit garde le souvenir étant cette longue tirade sur Marie, la mère de Jésus. Comment peut-on se tirailler la cervelle pour expliquer qui est Marie d'une façon aussi torturée quand Marie est une femme humble et simple qui n'a jamais revendiqué aucun titre. Toute ma tendresse va vers Marie, la mère des douleurs, et je n'aime pas du tout qu'on l'affuble d'une couronne sertie de pierres précieuses, de même que j'ai du mal avec l'image d'un Jésus blond aux yeux bleus. Jésus était juif, qu'on le veuille ou non, c'est d'ailleurs pourquoi j'aime les juifs et leurs traditions. Que faire, que dire avant de mourir? Jésus a vécu notre condition humaine et il a eu ce cri déchirant sur la croix : Père, Père, pourquoi m'as-tu abandonné? et à ses pieds Marie, la maman, la mère des douleurs. Rien n'est plus terrible pour une mère de voir son enfant souffrir, fusse t-il le Dieu incarné. L'enfer existe-t-il dans l'au-delà? et le paradis? Quand je lis le sermon sur la montagne j'espère toujours être parmi les Heureux, mais je ne puis juger si j'appartiens à l'un des Heureux cités par Jésus.

mardi 17 novembre 2009

Un désir fou

Une idée tenace traverce mon esprit, un désir fou, une envie de respirer l'air de Paris, ma ville chérie, mon destin manqué, en assistant le samedi 5 décembre au Palais des sports à l'opéra rock Mozart. Je sais que c'est fou d'imaginer que c'est possible mais je veux en faire un but, c'est dans trois semaines, je veux organiser ce moment, sans doute le dernier instant libre de ma vie avant de mourir. Pourtant ce matin je suis loin d'être bien, mes douleurs ne sont pas plus pénibles et je n'ai pas repris les médicaments à base d'opium, mais une inquiétante indigestion me fait réaliser que tout se dégrade et que chaque jour je perds un peu plus de force.
J'arrête d'écrire, je ne suis pas bien

lundi 16 novembre 2009

Humeur du jour

Ce matin je suis de fort méchante humeur, parfait, cela prouve que je suis bien vivante. C'est l'infirmière qui m'a agacée, elle est gentille mais a l'esprit assez fonctionnaire, la loi c'est la loi. Elle a des phrases qui me heurtent , comme celle où elle me dit que sur le duplicata de l'ordonnance il y a des vignettes. Quelles vignettes? Elle me dit qu'elle les a vues. Bon, elle recherche le duplicata et s'aperçoit qu'il n'y a pas de vignettes. Elle n'est pas contente car ça l'oblige à remplir des papiers pour le laboratoire qui doit analyser mon sang. Ensuite mon mari à qui l'on doit enlever des fils sur l'arcade sourcillière après une chute dans la rue lui demande si elle peut le faire. Vous avez l'ordonnance? réplique-t-elle. Ben non, personne n'a songé à faire une ordonnance pour retirer des fils. Alors je ne peux pas le faire, aboie l'infirmière en se levant, et elle ajoute en me regardant : n'oubliez pas de prévenir l'hôpital que votre IRM est annulée. Oui, je sais, mais à 7 heures du matin le secrétariat n'est pas ouvert. Puis je m'aperçois que mon bras est en sang. Que se passe-t-il? Elle me prend le bras et arrache le pansement qui comprime l'endroit où une prise de sang vient d'être effectuée. C'est rien, dit-elle, il fallait appuyer sur la veine pour l'empêcher de saigner. Bien sûr, c'est de ma faute, pas de la sienne. Puis en partant elle me dit : vous irez chercher les résultats au laboratoire? Quel manque de tact! Si je pouvais aller chercher les résultats au laboratoire je pourrais aussi aller me promener, conduire, faire mes courses, sortir mes chiens! Pourquoi croit-elle qu'on vient tous les jours me piquer, pour le plaisir? Non, parce que je suis malade, que cette maladie se nomme le cancer, que l'on m'a interdit de conduire, de prendre le train, bref, que l'on m'a fait comprendre que je n'en avais que pour quelques mois, voire quelques courtes semaines. Le problème est que les infirmières ne sont jamais les mêmes, chaque 3 ou 4 jours elles changent et ne savent même pas pourquoi elles viennent. Alors Madame, qu'est-ce qu'on doit vous faire? dit l'infirmière suivante quand elle vient pour la première fois chez moi. Et de raconter à chaque fois la maladie qui me ronge et de préciser quelles piqûres elle doit me faire. C'est la société d'aujourd'hui, plus de contacts vrais, chaleureux, non, on est entré dans l'ère du chacun pour soi.

Médicaments

Après deux nuits difficiles, une presque bonne nuit, je me réveille ce matin l'esprit clair, enfin! J'ai décidé d'arrêter le médicament prescrit qui ne calme pas vraiment les douleurs mais me met dans un état second avec déprime et mal au coeur. Moi seule connais mon corps et sais ce qu'il accepte ou pas, et ce médicament soi-disant coupe-douleur me fait plus de mal que de bien. Stop! Je regrette infiniment d'avoir accepté un nouvel examen le 20 novembre, en fait une radio des os, cela va être très long car on doit m'injecter un produit dans les veines afin d'obtenir un contraste pour visionner mon squelette. Il faudra deux à trois heures d'attente pour que le produit diffuse dans les veines, mais quelle horreur, tout ça je suis certaine pour rien car je ne pense pas que l'on puisse définir où se trouvent exactement les métastases. Après il faudra un nouveau rendez-vous avec le cancérologue pour mettre au point le traitement qui m'aidera à mourir sans trop de souffrance. Les médecins n'ont aucune psychologie, ils parlent technique mais ils sont débordés et n'ont pas le souci d'humanité. Peu importe, ils ne sont pas les seuls, l'entourage également insiste pour que je fasse ceci et cela pour mon bien. Cela part d'un très bon sentiment mais personne ne se rend compte que mon seul souci à moi est que l'on me fiche la paix. Il est impossible de comprendre les malades, aujourd'hui je me rends compte que psychologiquement on fait beaucoup souffrir les malades qui ne demandent qu'à mourir en paix.

samedi 14 novembre 2009

Douce nuit

Pas trop mauvaise nuit, pas de sommeil, mais pas de douleurs non plus. Mais Dieu, que les nuits sont longues! Et avant la nuit il y a une heure difficile à passer, c'est la tombée du jour, quand le soir s'invite et que la lumière baisse. Actuellement c'est vers 17h, 17h30 que se cache la lumière et que les angoisses apparaissent, jamais avant je n'avais ce sentiment, c'est tout nouveau pour moi, mais tout est nouveau avec cette maladie qui ronge mon corps.

vendredi 13 novembre 2009

Diagnostic établi...

Voilà c'est fait, à présent on peut mettre un nom sur mon cancer : généralisé. Comme ça on est tranquille, on sait où on en est.
Mon fils est là actuellement, mon Dieu merci, il met au propre tous les papiers et autres afin que personne ne soit perdu au moment de ma mort. Et puis il m'a installé un coin pour que je sois confortable, télé, lecteur de DVD, ordinateur, c'est chouette car j'ai tout à côté de moi, plus besoin de chercher puisque tout est à portée de main.
Me manque le moral, là c'est vrai que j'en ai pris un coup, malgré tout j'espérais... mais là, non, plus possible de se faire des illusions.
Pour l'instant j'en suis à la phase 1 du traitement de la douleur, ensuite on passera à la phase 2, puis hospitalisation en soins palliatifs. Pourvu qu'il y ait de longs espaces temps entre les phases!

mardi 10 novembre 2009

Réflexions à l'aube naissante

Quand j'étais à l'hôpital, il y avait une femme dans la chambre voisine qui criait "à l'aide, à l'aide!". C'était effrayant. Je n'avais pas le droit de me lever mais savais que si je passais outre cette interdiction, ma camarade de chambre ne me dénoncerait pas car elle était muette suite à une maladie neurologique. Çà aussi c'était effrayant. Pour s'exprimer elle écrivait sur les feuilles d'un carnet qu'elle déposait sur mon lit en traînant derrière elle son porte-perfusion qui couinait à chaque tour de roulettes. Un jour on a réussi à rigoler toutes les deux, à partir d'un vrai fou-rire quand la porte de notre unique et archaïque armoire s'est couchée sur le côté, rendant l'âme, ne voulant plus cacher aux yeux de nos rares visiteurs nos pauvres affaires de malades pliées ça et là à la va-vite par les aides-soignantes. Notre chambre était horrible, la peinture des murs était écaillée, elle était un peu étroite pour contenir deux lits mais le décor m'indifférait, j'étais placée près de la fenêtre et je pouvais contempler le ciel, j'ai toujours adoré rêver en contemplant le ciel. Ma camarade de chambre dont je n'ai jamais su le prénom pleurait souvent, mais comme elle était muette ses pleurs se transformaient en râles d'abord, en cris ensuite. Le pire est quand cette femme s'étranglait en avalant de travers, ses cris devenaient de longues plaintes allant du crescendo molto vivace à l'andante, difficile à décrire. Puis on m'a changée de lieu, je me suis retrouvée seule dans une chambre sympa avec une grande fenêtre qui donnait sur un parking, pas génial, mais qui au loin laissait entrevoir le clocher d'une église pour me rappeler que Dieu m'attendait. M'attend-il vraiment Dieu? Je veux dire personnellement? Il me semble qu'il doit être épuisé avec ces milliards d'âmes qui sont montées à lui depuis la création du monde. C'est ça qui pour l'instant me tracasse, comment pourra-t-il savoir qui je suis quand nous serons tant et tant à monter vers lui en même temps. Enfin bon, pas la peine de chercher à comprendre, c'est impossible, c'est le mystère de Dieu. Je n'ai pas eu de nouvelles de cette copine de chambre, quand j'ai pu me lever et ai demandé à l'infirmier dans quelle chambre elle avait été placée, car elle aussi avait été placée ailleurs après son opération, l'infirmier m'a répondu sèchement que c'était un secret professionnel, qu'on n'avait pas le droit de divulguer le numéro des chambres. Quelle stupidité! Quand j'ai eu le droit de me lever j'ai bien tenté de la retrouver en arpentant les couloirs et en ouvrant quelques chambres, mais quand j'ouvrais la porte d'une chambre d'hommes je me sentais gênée par ces regards étonnés fixés sur ma petite personne, j'avais l'impression d'être la matrone d'un bordel cherchant le client. C'est vrai quoi, on était tous en pyjama! Je n'ai jamais revu cette femme mais j'ai aperçu la voisine qui criait à l'aide, en fait une pauvre dame très âgée qui n'avait plus toute sa tête. En face de ma nouvelle chambre il y avait un homme ou une femme, je n'ai pas pu le définir, qui criait toute la journée "hou-hou! hou-hou!". Ah oui, j'ai oublié de le signaler, on m'avait mise dans le service de gériatrie. Pendant 10 jours j'ai été considérée comme une vieillarde. A partir de quel âge est-on considéré comme une vieillarde, je n'en sais rien, toujours est-il qu'à pas tout a fait 70 ans c'est ainsi que l'on considère les êtres . Ce qui m'intrigue à présent est l'âge ou l'apparence que j'aurai quand je serai là-haut. J'adore la jeunesse, j'espère je ne serai pas classée dans la catégorie senior, j'aimerais tellement rire et m'amuser là-haut, sautiller comme une gamine, me promener dans les verts prés, chanter, danser, rencontrer François d'Assise, Mozart et tant d'autres, voir maman, mon père que j'ai si peu connu. Bon, faut que je me recouche, les cachets font effet, la douleur qui m'a réveillée s'apaise. Dans quelques heures l'ambulance vient me chercher pour l'échographie. J'ai décidé que ce serait le dernier examen. Pas d'acharnement, pas de rayons, pas de chimiothérapie.

Tiens, un bon coup de pied à la maladie, rien de tel pour l'envoyer valser ailleurs. En ce temps-là j'étais jeune et joyeuse, Jean-Marc Thibault aussi, ainsi que mon amie Catherine Kief, d'origine russe.


Ces photos représentent le tournage de "Méliès", une dramatique télévisée réalisée par Jean-Christophe Averty. Il y avait aussi Marie-Blanche Vergne, la maman de Karin. C'est à la fois une époque si lointaine et si proche. On ne voit pas le temps passer.

lundi 9 novembre 2009

le Ciel est par-dessus le toit...

Avec la nuit qui tombe mon moral décline. Peut-être ai-je trop écouté Callas, Barbara, Freddy Mercury et Brassens. Peut-être ai-je trop écouté le Laudate Dominum de Mozart, et son sublime Ave Verum, peut-être ai-je besoin de pleurer sur le temps perdu, le temps passé et le temps qui va me manquer. Peut-être ai-je enfin compris que j'allais mourir et que je ne verrai jamais grandir mes petites-filles. Peut-être ai-je envie d'entendre Verlaine dire "Le Ciel est par-dessus le toit, si bleu, si calme, un arbre par-dessus le toit berce sa palme. La cloche, dans le ciel qu'on voit, doucement tinte, un oiseau, sur l'arbre qu'on voit, chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, simple et tranquille, cette paisible rumeur-là vient de la ville. Qu'as-tu fait, ô toi que voilà pleurant sans cesse, dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse?"
Mais peut-être ai-je encore besoin d'écouter Mozart.

Agacée...

C'est vrai je suis agacée, toute la matinée a été ainsi, non pas à cause de mes douleurs qui sont tout à fait supportables après une nuit blanche, mais en raison de la désorganisation générale de la chaîne de soins autour de moi. Il est évident que personnellement je n'ai rien demandé, ce sont les médecins qui décident de quand faire ceci ou cela et avec qui. Étant donné que je suis côté sécurité sociale à 100% depuis peu, en principe je ne dois plus rien payer et côté organisation on me dit de ne m'occuper de rien et de laisser faire. Sauf que... les infirmières réclament le papier de la prise en charge que je ne possède pas et les ambulanciers les bons de transport que je n'ai pas non plus! outre cela il y a cafouillage avec les rendez-vous et les ordonnances et il me faut tout contrôler sinon c'est la pagaille! ainsi les prises de sang et les piqûres doivent s'effectuer à trois heures d'intervalle afin de bien analyser la fluidité du sang mais comme les infirmières se relaient la coordination ne se fait pas toujours, ainsi j'attends une infirmière pour 13 H aujourd'hui qui vient d'appeler pour dire qu'elle ne viendrait pas en raison d'un tube spécial pour ma prise de sang qu'elle n'a pas. Bon, autrement dit la première prise de sang du matin ne servira à rien, on recommencera demain. Mais demain j'ai une échographie, ne sachant pas l'heure à laquelle le rendez-vous a été pris j'ai évidemment téléphoné aux brancardiers pour savoir à quelle heure ils venaient me chercher. Problème, s'ils savent qu'ils doivent venir me chercher demain, ils ont perdu l'heure du rendez-vous! Qu'à cela tienne, leur dis-je, le médecin vient tout à l'heure, lui doit savoir. Mais le médecin qui devait passer avant midi n'est toujours pas venu ce qui entraîne un problème pour les infirmières de demain qui ne savent pas à quelle heure elles peuvent venir pour les piqûres et prises de sang. Franchement c'est lamentable et j'ai décidé de laisser tomber, les brancardiers et les infirmières n'ont qu'à se mettre en contact avec le médecin pour à la fois réclamer les papiers dont ils ont besoin et les heures auxquelles ils doivent faire les soins et me conduire en radiologie. Idem avec les médicaments, le médecin prescrit des médicaments que les pharmaciens transforment en générique portant d'autres noms en oubliant de noter à quoi ils correspondent ce qui fait que je n'y comprends rien, que je m'embrouille et que les infirmières qui tentent elles aussi de résoudre l'équation en perde leur latin. Bref pas facile d'être malade!

La nuit, le doute

Evidemment je ne dors pas, je n'arrive pas à trouver le sommeil, normal puisque mes pensées vivent davantage la nuit que le jour. La douleur est supportable, sauf en cet instant où j'écris car je dois changer de position mais tout geste me demande une concentration infinie pour ne pas réveiller les coups de poignards dans mon dos, c'est ainsi que se font sentir mes ennemies les métastases. Voilà c'est fait, position changée mais de nouveau la douleur revient, trop mal installée pour écrire je dois stopper afin de trouver la position idéale.

C'est fou comme les petits riens de la vie, comme se retourner dans son lit, deviennent des difficultés parfois insurmontables. Simplement me redresser demande un effort considérable afin de calculer où s'est déplacée la douleur pour ne pas la heurter, et quand enfin je suis assise sur le lit il me faut reprendre mon souffle coupé par cet effort et là ma respiration inégale donne à mes ennemies le rythme d'attaque idéal pour jouer la partition du mal dans un accord parfait. Pour me lever je ne dois pas me redresser, je dois ramper, et avant je dois rester immobile à réfléchir pour définir quel bras poussera sur le matelas pour aider mon corps à bouger, c'est dingue comme tous les gestes anodins de la vie deviennent des complications, et encore, ce n'est que le début de cette "fin de vie", qu'en sera-t-il de la douleur dans quelques jours, quelques mois? Déjà de nouvelles petites douleurs apparaissent, l'une sur le pied, l'autre derrière l'oreille, bientôt je ne serai plus qu'une douleur ambulante!!!

Il est presque 4 heures du matin, l'aube ne va pas tarder, enfin! que les nuits sont longues, que le cerveau travaille quand au contraire il devrait se reposer, et comme ce blog est un bienfait pour mon esprit, pouvoir s'exprimer permet d'éloigner les angoisses et la peur.

dimanche 8 novembre 2009

Le ridicule ne tue pas... espérons !

Faut-il être déjà sur une autre planète pour ne pas se rendre compte après deux bonnes heures que les tuyaux enfoncés dans mon nez ne propulsent aucun oxygene puisqu'ils sont reliés à une machine débranchée!!! et dire que je trouvais que je respirais mieux!!! comme quoi tout n'est qu'illusion... Sur ce je vais brancher la machine qui tournera toute la nuit, encore heureux que je me sois aperçue de cet oubli sinon j'allais garder la nuit durant un appareillage désagréable qui n'aurait servi à rien! hi hi hi!

Illusion?

Ayant appris que la cortisone donne une grande énergie euphorisante aux malades, je commence à me poser des questions. Suis-je réellement mieux ou est-ce un effet des corticoïdes? La réponse très vite puisque demain est mon dernier jour de cortisone. Le médecin traitant qu'avant ma phlébite je ne connaissais pas est à mon avis un bon médecin car au moins a-t-il su me precrire des médicaments apaisants. Demain sera un autre jour et à chaque jour suffit sa peine.

Une conversation ce soir avec mon fils m'a apporté beaucoup de chaleur. Il fait tout pour que ma fin de vie soit à la fois supportable et, si l'on peut dire, heureuse. Et c'est vrai que je me sens heureuse de constater combien il a su fonder une famille telle que je l'avais espérée. Iveta, sa femme, et lui ont deux merveilleuses enfants, deux filles, mes petites-filles dont les prénoms sont déjà un enchantement : Anastasia, 13 mois, et Aliénor qui aura 1 mois le 17 novembre. Bien sûr elles ne me connaîtront jamais, cependant je sais que leur papa et leur maman sauront leur dire qui j'étais, et je sens très fort au fond de moi qu'elles m'aimeront. Elles ont heureusement une autre grand-mère qui est plus jeune et qui saura leur donner l'amour que savent donner les grand-mères, mes petites-filles auront une vraie famille et c'est pourquoi je peux partir l'âme en paix.

Bon, il est la demie de vingt heure et pourtant je n'ai même pas regardé le journal TV. Oui, tout de même quelque chose a changé en moi, mes intérêts ne sont plus les mêmes, c'est comme si j'attaquais une seconde vie dans l'espace du temps, me projetant dans l'avenir de mes enfants, de mes petites-filles, c'est une sensation très bizarre.

Je suis allongée dans mon lit, les tuyaux de l'oxygene m'aident bien à respirer, je suis calme, je souffre peu, c'est atténué par la médication, franchement pas de quoi se plaindre. On verra demain au réveil! :)

Et si c'était vrai ?

Tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir, dit-on. Alors pourquoi les médecins affichent-ils un tel pessimisme à mon égard? Il y a deux semaines je vivais comme tout le monde, je conduisais, faisais mes courses, sortais mes chiens, bref, je vivais. Soudain une douleur terrible à la jambe gauche et vlan, ma vie bascule. Pas envie aujourd'hui de raconter ce qui a suivi, hôpital, examens et surtout maltraitance psychologique. Un jour prochain je raconterai j'espère. Pour parler franc on m'a annoncé que j'avais un cancer incurable et déjà très avancé avec métastases, d'où évidemment ces douleurs qui m'envahissent surtout la nuit. Grâce à la cortisone et autres trucs dans la journée je commence à aller mieux, et même à pouvoir me lever et rester au moins deux heures hors de mon lit. Pourtant les médecins m'ont fait comprendre que j'allais mourir assez vite car mon état se dégradait à la vitesse grand V. En fait depuis que j'ai eu cette phlébite et que je suis entrée à l'hôpital mon état s'est aggravé de façon spectaculaire. Pourtant malgré la phlébite et cette soi-disante embolie pulmonaire j'allais très bien! pas de fièvre, juste une douleur au thorax à gauche, à la jambe aussi bien sûr, mais c'est tout! Après deux jours passés à l'hôpital j'étais mourante! Quant au moral n'en parlons pas! Je suis entrée à l'hôpital gaie comme un pinson car je ne suis pas quelqu'un de plaintif même si l'heure est grave, j'aime plaisanter, sourire, rire, mais à l'hôpital mieux vaut de suite être maussade, pessimiste et plaintif car le contraire n'est pas de mise et on a vite fait d'écraser votre optimisme sous le carcan de la maladie. Oui mais voilà, je suis une rebelle et sortie de l'hôpital, après une journée de douleur et d'angoisse et la visite de mon médecin traitant qui m'a dit de faire venir rapidement mon fils qui vit à l'étranger parce que je pouvais mourir dans les jours suivants, j'ai décidé que je n'étais pas mourante et que tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir!

Et si c'était vrai?