lundi 16 novembre 2009

Humeur du jour

Ce matin je suis de fort méchante humeur, parfait, cela prouve que je suis bien vivante. C'est l'infirmière qui m'a agacée, elle est gentille mais a l'esprit assez fonctionnaire, la loi c'est la loi. Elle a des phrases qui me heurtent , comme celle où elle me dit que sur le duplicata de l'ordonnance il y a des vignettes. Quelles vignettes? Elle me dit qu'elle les a vues. Bon, elle recherche le duplicata et s'aperçoit qu'il n'y a pas de vignettes. Elle n'est pas contente car ça l'oblige à remplir des papiers pour le laboratoire qui doit analyser mon sang. Ensuite mon mari à qui l'on doit enlever des fils sur l'arcade sourcillière après une chute dans la rue lui demande si elle peut le faire. Vous avez l'ordonnance? réplique-t-elle. Ben non, personne n'a songé à faire une ordonnance pour retirer des fils. Alors je ne peux pas le faire, aboie l'infirmière en se levant, et elle ajoute en me regardant : n'oubliez pas de prévenir l'hôpital que votre IRM est annulée. Oui, je sais, mais à 7 heures du matin le secrétariat n'est pas ouvert. Puis je m'aperçois que mon bras est en sang. Que se passe-t-il? Elle me prend le bras et arrache le pansement qui comprime l'endroit où une prise de sang vient d'être effectuée. C'est rien, dit-elle, il fallait appuyer sur la veine pour l'empêcher de saigner. Bien sûr, c'est de ma faute, pas de la sienne. Puis en partant elle me dit : vous irez chercher les résultats au laboratoire? Quel manque de tact! Si je pouvais aller chercher les résultats au laboratoire je pourrais aussi aller me promener, conduire, faire mes courses, sortir mes chiens! Pourquoi croit-elle qu'on vient tous les jours me piquer, pour le plaisir? Non, parce que je suis malade, que cette maladie se nomme le cancer, que l'on m'a interdit de conduire, de prendre le train, bref, que l'on m'a fait comprendre que je n'en avais que pour quelques mois, voire quelques courtes semaines. Le problème est que les infirmières ne sont jamais les mêmes, chaque 3 ou 4 jours elles changent et ne savent même pas pourquoi elles viennent. Alors Madame, qu'est-ce qu'on doit vous faire? dit l'infirmière suivante quand elle vient pour la première fois chez moi. Et de raconter à chaque fois la maladie qui me ronge et de préciser quelles piqûres elle doit me faire. C'est la société d'aujourd'hui, plus de contacts vrais, chaleureux, non, on est entré dans l'ère du chacun pour soi.

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