mercredi 27 janvier 2010


Aujourd'hui j'ai tenu salon. Mon frère était là, mon fils aussi, puis mon mari m'a parlé au téléphone, ainsi que ma belle-soeur, et avant Yolaine, et qui encore? Ne sais plus, ce fut une longue et belle journée.
On pourrait dire mais qu'est-ce qu'elle nous raconte encore celle-là, ce n'est qu'une journée de malade ordinaire comme il en existe des milliers dans nos services hospitaliers avec plus ou moins de souffrance, de solitude, de détresse, de sourires également. Mais ces petits riens, y pensons-nous comme il se doit et combien ils sont devenus précieux car devenus uniques depuis que l'on a appris à ne plus faire de projets? Il est tout de même incroyable (et tant pis si je radote en répétant toujours la même chose) de réaliser qu'au mois d'août dernier j'étais assise sur une chaise de jardin à regarder les branches croulantes d'un pêcher situé au milieu de ce verger empli de fruits à me demander si l'année suivante je pourrai déguster autant de pêches joufflues tant elles ont donné cette saison.
Et pourquoi n'avoir pas profité du temp présent à simplement apprécier ce nectar au lieu de réfléchir à savoir pourquoi quand vient le soir pour qu'un ciel flamboie le rouge et le noir doivent s'épouser. Ah, Brel, combien ai-je larmoyé en l'écoutant chanter...
Non, en août prochain je ne cueillerai plus la pêche sur l'arbre, peut-être ne cueillerai-je pas non plus la cerise en juin, ni la fraise en avril.
Voilà pourquoi il faut être extraordinairement heureux de se dire que l'été prochain malgré toutes les disparitions, cycle de la vie, il y aura les feux de la Saint Jean, une chaude journée qui sentira bon les blés murs, un printemps qui jaillira comme une source éclatante de par ses milliers de petites bulles. L'air, l'eau, le feu, mon Dieu, c'est merveilleux de vivre, oui, bien sûr, je sais, la vie c'est souvent l'enfer, on ne réalise pas le prix de la vie quand on est simplement malheureux, comment trouver les mots justes pour réconforter quand on ne demande qu'à fuir la vie tant elle vous fait mal, semble vous avoir trahie, vous avoir piégée. Oui, il est facile de dire de regarder autour de soi pour retrouver cette étincelle de vie qui ne tient qu'à un fil. Pour moi la question ne se pose plus, mais pour les autres, le plus dur justement n'est-il pas de découvrir quel est ce fil?
On parle trop, on n'écoute plus l'autre, alors la seule chose que je puisse dire ce soir, en y pensant avec force, est-ce que vous vous rendez compte que vous pouvez faire des projets? Que rien n'est barré, pas d'obstacle à l'horizon, alors même si ça fait scout toujours prêt, tant pis, vite séchez vos larmes, moi je sèche les miennes pour apprécier l'instant présent. C'est magique.
Une Nini surcorticoïdée...

11 commentaires:

  1. Bonsoir Annie,

    La plume est bien affûtée, et nous écrit de si belles choses !

    J'ai fait l'expérience, il y a peu de tenter de réconforter des gens désespérés, car surendettés, qui projetaient de se suicider en couple, pour en finir avec tous leurs soucis : j'ai tenté de leur dire : rien ne vaut la vie !
    Incompréhension totale, enfermés qu'ils étaient dans leur douleur, incapables de saisir ce que je voulais leur faire ressentir . Car nous, nous le savons, que la vie est précieuse, car nous savons que nous risquons de la perdre, c'est pour cela que l'on savoure chaque instant avec délectation. C'est sans doute pour cela aussi que je regarde les "bien-portants", je les vois courir, je me demande bien après quoi, on est tellement mieux dans l'être que dans l'avoir !

    Tendres baisers, Annie, apprécie, savoure tout ce que tu peux, le temps t'est précieux !

    Tenir, de docti

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  2. coucou annie!

    que ces touchant ce que tu vien d'écrire cet réalité des choses de la vie!je ne sais quois dire!je suis émus.
    ci tu me le permer j'aimerais imprimer ton blog!
    et le lire a chaque fois que je doute dans mon combats contre ce crabe!
    je peus te dire que chaque jour je pense tres fort a toi!
    passe une douce nuit je t'embrasse a demain.
    chantal.

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  3. venant de vous ces propos prennent une force intense
    Brigitte

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  4. oui Annie..tu exprimes si bien ce bonheur de vivre que nous avons quand nous avons failli tout perdre.hélas l'être humain est ainsi, et il fait avoir vécu cette perte imminente pour comprendre et atteindre cette vérité absolue..dommage, nous serions tous tellement heureux ainsi l'essentiel, ne garder que l'essentiel, s'emerveiller, le bonheur de respirer ou de voir un sourire sur un visage, la joie que procure un rayon de soleil,le bonheur simple qu'un nouveau jour qui se léve...Tu as compris Annie,nous avons compris,et nous passerons tous de l'autre coté du ruisseau....même si nous pouvons faire des projets, ils ne sont que chiméres, toi tu connais le danger et tu sais où se loge ton ennemi,toi comme tant d'autres, et j'en fais parti.les projets peuvent être balayé d'un coup de vent, et reste le néant, la souffrance et la tristesse..nous sommes beaucoup et tellement rien sur cette terre.profitons de chaque instant comme si c'était le dernier.Oui nini tu as tout compris.
    Merci, tu m'aides sans le savoir...
    Bonne nuit...je t'embrasse affectueusement
    MARINCA ALIAS véro de Bordeaux

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  5. Annie ...
    Comme ce que tu écris est beau !
    Comme tu fais bien de nous rappeler la chance que nous avons, ces petits bonheurs qu'on ne voit pas ou plus, toutes ces choses qui font que la vie est si précieuse.
    Merci Annie. Merci pour cette belle leçon de vie, cette leçon de courage aussi que tu nous donnes dans ta lucidité face à la situation et ton combat quotidien avec en ligne de mire ton anniversaire.
    Merci aussi pour les photos de plus en plus présentes qui font qu'on te connait de plus en plus, mais déjà avant tu avais ta place dans nos coeurs.
    Je t'embrasse Annie.
    Merci.

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  6. Bonsoir Annie,

    Simple, fort, essentiel, comme tout ce que tu dis depuis que tu nous le fais partager. Merci à toi.

    Mais, ce soir, je suis en total désaccord avec toi sur un point très précis : tu dis "pour moi la question ne se pose plus".

    Si, la question se pose. Tu es là aujourd'hui, parfaitement consciente et présente non seulement pour tes proches mais aussi pour nombre d'autres à travers ce blog. Oui le soleil de juillet qui mûrit les pêches, sans doute ne le sentiras-tu plus sur ta peau. Mais pour demain, toi aussi, tu peux faire des projets ; pour l'heure, même la minute à venir. C'est une question d'échelle du temps et toi tu sais que ton échelle est courte. Mais tu vis, intensément, tu es bien plus vivante que nombre d'entre nous, englués que nous sommes dans le non-essentiel.

    Et tant que ça t'est bon, j'ajouterai chaque jour un barreau à ton échelle.

    Passante13

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  7. Je suis bien portante et donc capable de projets pour l'été prochain, cependant, comme vous le dites très bien, je profite du temps présent.
    Et je trouve plus de bonheur là-dedans que dans mes projets.
    Ce sont les morts ou les maladies de proches qui me l'ont appris.
    Et je ressens à travers vos écrits la grande intensité de votre vie présente
    Merci de nous faire partager cela, c'est un très beau cadeau
    Bien à vous

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  8. Merci Nini de votre témoignage. Je vous lis depus le début et je crois vous connaitre. Je vous trouve admirable dans votre manière d'appréhender la vie et inévitablement la mort.
    Je suis persuadée que votre vie a dû être riche pour être aussi sereine dans ces moments difficiles. Je crois que vous avez tout compris. Et puis dites-vous bien que sur cette terre nous sommes tous logés à la même enseigne : nous sommes nés pour vivre et pour mourir un jour. C'est le lot de tous les êtres vivants. Bien sûr, lorsque tout va bien on n'y pense pas et pourtant c'est une évidence. Un jour il faudra partir et quitter ceux qu'on aime. Dans ce sens là, vous n'avez pas perdu votre "carte de membre". Vous êtes comme tout être humain, seulement vous vous savez, les autres ne veulent pas savoir. C'est plus confortable de se croire éternel. Voila la différence. Mais le principal n'est-il pas d'être en paix avec soi même et avec ceux que nous aimons. Cela a l'air d'être votre cas. Et puis, qui sait, vous les savourerez encore peut-être ces fameuses pêches et ces cerises propices à l'été. C'est tout ce que je vous souhaite.
    Vos photos sont très belles. votre fils est vraiment adorable avec vous. Vous avez de la chance d'être autant aimée. C'est une grande force.
    Je vous embrasse très fort.

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  9. Chère annie.
    Je vous lis depuis le début , sur vo tre blog et dans doctissimo.A chaque fois vous m'emerveillez par votre générosité votre courage et votre sagesse.
    J'ai été atteinte deux fois par le cancer et pour l'instant je suis en rémission.Pourtant je n'ai pas votre sereinité, bien au contraire et j'aimerais tant vous ressembler!
    Mais sachez que votre exemple me tire vers le haut.
    vous êtes quelqu'un de vraiment formidable!
    Vous êtes sur le parcours de votre fin de vie , mais tellement plus vivante que beaucoup d'entre nous malades ou bien portants.
    Je ne suis pas croyante , mais je vous souhaite de tout coeur , puisque vous vous l'êtes , que Dieu vous accompagne jusqu'au bout, et s'il existe sa grâce vous a touchée.
    Christine Orban a dit:toute la difficulté consiste à vivre en direct,débarrasé de la mélancolie de la veille,et de l'angoisse du lendemain.

    Je vous embrasse

    katell (mililuna)

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  10. Oooh mon Dieu que je suis bête de me faire du soucis pour des broutilles, Vous me faites prendre conscience qu'il faut arrêter de s'apitoyer sur son sort...
    Merci pour ce que vous faites, car vous ouvrez les yeux a certaines personnes comme moi, qui ne realise pas la chance que j'ai de pouvoir faire des projets....
    J'ai toujours une douleur en moi qui ne se refermera jamais, ma pauvre petite maman qui est passée par le même chemin que vous et qui nous a quitté il y a 5 ans, je n'avais que 30 ans.... vous me faites penser à ma maman, avec autant de courage...
    Merci pour ce que vous faites
    Laurence

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  11. Je remarque le retour d'un dessin au dessus du titre, signe que l'inspiration artistique revient ? Le personnage central sourit, même si elle est pensive, entourée d'autant de coeurs.
    Comme dit le CId défiant le Comte/Crabe :
    " J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur,
    Mais j'aurai trop de force, ayant assez de coeur(s) ;-))"
    Que la force soit avec toi, on attend le post/dessin du 18 avril et bien au-delà!

    docngnt sur docti

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