samedi 16 janvier 2010

La nuit je ne rêve pas, enfin si c'est la cas je ne m'en souviens pas. La nuit je ne bouge pas non plus, pas un mouvement, je me réveille dans la même position que la veille au coucher. Pourtant cette nuit il s'est passé quelque chose d'inhabituel. On a frappé à la porte de ma chambre avec une telle force que cela m'a arraché un cri de protestation. Pourquoi un tel raffut? J'ai voulu ouvrir les yeux mais impossible, j'ai voulu me redresser mais là encore impossible. Puis le bruit a redoublé et j'ai réalisé que ce n'était pas à ma porte que l'on frappait mais sur ma hanche droite! Et cela me faisait un mal de chien évidemment! En fait je ne rêvais pas, j'étais simplement plongée au coeur ma propre souffrance et il m'a fallu me bouger avec mille précautions pour qu'enfin cesse l'horrible impression que l'on sciait ma hanche. Une mauvaise position dès le départ de la nuit sans doute. Et ce matin au vu de mes ganglions gonflés sur le cou j'ai su que la journée serait difficile. En fait de journée il ne s'est rien passé, ni en bien ni en mal, parce que j'ai passé cette pauvre journée à dormir d'un sommeil semi comateux formé d'un tas de délires. Ce qui me ramène à la question d'hier : Actiskenan ou Matrifen? Les deux médicaments sont de la morphine, l'un sous forme de cachet, l'autre en patch. La gélule s'avale facilement et libère immédiatement son pouvoir calmant, est-il indiqué. Le patch libère toutes les heures un certain nombre de microgrammes au pouvoir miraculeux m'a-t-on certifié. Sauf que les effets secondaires du patch sont hallucinants et dégueulants et ceux de la gélule dégueulants, moyennement efficaces mais pas hallucinogènes.

Oui ma pov'Lucette y'a pas de doute t'es pas sortie de l'Auberge Rouge où l'on trucide, super chouette les hallucinations!

L'infirmière a eu la gentillesse de me rappeler hier en insistant au téléphone pour que je mette le patch et que surtout je ne lutte pas contre le repos du corps. Puis elle a ajouté une phrase qui ce soir me trouble : "Il est possible que la dose soit trop forte, on verra ça lundi".

Lundi ??? Ben non, on n'attendra pas lundi que le corps médical soit revenu de son week-end pour étudier la valeur de mon patch. La valeur de ma vie a plus d'importance et je ne veux pas devenir une abrutie incapable de penser par elle-même. Là j'ai fait l'effort d'écrire, je continuerai tant que j'en aurai la force, je ne veux pas qu'un patch mal dosé m'envoie au fond du trou aussi vite. Je vais poursuivre mon objectif, à savoir fêter mon anniversaire le 18 avril.

Alors ciao patch, basta cosi, je retourne aux gélules.

15 commentaires:

  1. Je t'ai posté un petit mot sur Docti au sujet de ton patch, sans avoir lu ton blog de ce soir.
    La dose est certainement trop forte, d'où les hallucinations... Est-il possible de te mettre un patch moins dosé, et prendre en cas de besoin (douleur plus forte) une gélule par voie orale ?
    Je sais qu'on tâtonne au début, jusqu'à trouver la dose optimale. J'espère qu'on trouvera rapidement celle qui te convient.
    As-tu un médecin que tu puisses appeler le dimanche ? pas facile, je sais...!
    Essaie de te reposer. Je pense bien à toi.
    Anne

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  2. je viens de découvrir votre blog, vous avez raison continuez d'écrire tant que vous le pouvez, je viendrai vous retrouver chaque jour, je pense fort à vous, je vous embrasse. Nicole

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  3. Pas d'autres possibilités que la morphine pour soulager la douleur?En fait, je m'y intéresse car, je suis moi même confronté à un proche qui ne supporte pas la morphine...et du coup, refuse de la prendre tellement ça la met hors d'état...Alors que tous les gens à qui j'en parle ne comprennent pas, car eux, adorent la morphine et ses effets...Vous, vous semblez comprendre...

    Merci pour votre blog, je vous lis régulièrement!Ca m'aide à affronter de mon côté la réalité de la maladie!

    Laurie.

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  4. Votre histoire est infiniment touchante
    Vous n'avez d'autre choix que de vivre jusqu'au bout cette vie de souffrance qui est la votre actuellement mais dont on sent qu'elle est faite aussi d'éléments forts, vos petites filles sont un prolongement de vous, et votre force de vie appelle le respect
    Quelque part vous courrez toujours comme une gamine car votre tête est riche de jeunesse

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  5. Je pense à vous Annie !

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  6. Bonsoir Annie,

    J'ai découvert vos textes aujourd'hui. J'aime beaucoup la force qui s'en dégage. Vous nous faîtes un vrai cadeau, à tous les lecteurs de votre blog, en continuant à écrire malgré la fatigue et la douleur.

    Je vous remercie et je vous accompagne en pensée.

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  7. Comme promis, je passe vous dire bonjour, meme si pour vous, c'est deja la nuit ;-)

    Ce n'est pas possible d'appeler les urgences d'un hopital pour leur demander des patchs plus legerement doses?

    J'espere que cette nuit sera meilleure.....

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  8. Courage,Annie! Tu es un exemple extraordinaire pour ceux qui souffrent et ceux qui redoutent la souffrance. Je suis heureuse que tu rejoignes la capitale où tu seras mieux suivie. Continue de te battre, sachant qu'une partie de la bataille est de consiger ton expérience noir sur blanc.Les écrits restent et le témoignage est essentiel. Non seulement il nous lie et nous relie les uns aux autres, mais il est susceptible d'aider à l'amélioration du processus de prise en charge des malades.
    Bats-toi, ma belle! Et reste dans ta tête celle que je connais si bien, bourrée de talent et de créativité, éclairée d'enthousiasme et animée de curiosité. Ton amie de toujours...

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  9. Bonjour, je vous découvre moi aussi et suis très émue par votre force de vie. Je vous comprends tellement étant victime d'une erreur médicale qui a fait basculer ma vie. Tout ce que vous dites est tellement vrai.
    Il n'y a rien de pire que l'indifférence et la non compréhension, le monde médical est terrible, compétent pour beaucoup de choses certes, mais tellement blessant.
    Je vous suivrai chaque jour et vous envoie tout ce que je peux de positif. Je vous embrasse.
    Lou

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  10. Votre témoignage inspire le respect. Vous êtes une femme formidable que tout le monde aimerait avoir pour amie. Je vous embrasse.

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  11. Vous êtes certainement courageuse mais je ne comprends pas votre commentaire aigredoux et péremptoire sur celles et ceux qui en sont au même stade que vous et continuent envers et contre tout à vouloir s'en sortir. Il y a quelques mois, une de mes amies a eu le même choc que vous ; elle pensait avoir des problèmes de hanche suite à trop de marche et on lui a asséné la vérité qu'on vous a assénée (grande psychologie de la part du médecin hospitalier qui ne la connaissait absolument pas).

    Elle a refusé les soins et elle est morte 10 jours plus tard.

    Vous en avez déjà eu plus qu'elle et semblez apprécier tous les jours qui se lèvent. Alors pourquoi critiquer ceux qui en veulent plus et font tout ce qu'ils peuvent pour que cela soit ?

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  12. Marie-France, je ne pense pas que Nini critique ceux qui veulent se soigner. Elle ne fait que de poser la question, ô combien douloureuse, de la difficulté à trouver le bon équilibre entre la qualité de vie et le nombre de jours/semaines à vivre.
    Doit-on profiter de ses dernières semaines en relative tranquillité, ou doit-on passer par le martyre de la chimio et des rayons et vivre quelques mois de plus, parfois dans des souffrances terribles?
    Navi

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  13. Marie-France, je comprends tout à fait ce que vous ressentez mais, chaque personne est différente face à cette maladie et suivant son propre vécu.
    Quand Annie a posté sur docti, j'étais très en colère, je ne comprenais pas pourquoi elle baissait les bras avant de commencer car ma soeur et moi avons un cancer des ovaires à un stade avancé et cela depuis 3 ans et jamais nous avons effleuré l'idée de ne pas nous battre contre cette saleté et bien au contraire. Les opérations, les chimios les examens c'est une chance inéspérée d'en bénéficier quand on pense que dans de nombreux pays les gens n'ont pas accès à ses soins.
    Avec ma soeur le but est de "sauver notre peau" et ceci par amour, non seulement je voulais voir grandir mes petits-enfants, mais je ne voulais pas laisser mon mari, ma fille et toute ma famille dans la souffrance, alors tant que l'on le proposera des traitements je les accepterais car jusqu'au bout, profiter de la vie..
    Voilà mon point de vue et en ce qui concerne Annie, je suis toujours très en colère qu'elle se laisse partir, qu'elle ne demande pas un autre avis, mais je respecte son choix.
    Sur ce, très bonne journée à toutes et tous et Annie qu'elle soit sereine et sans souffrance pour toi.
    Nicole alias Delta

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  14. Kikou MaNiNi, toutes mes pensées t'accompagnent alors que je pense que tu vas changer de lieu de résidence.
    je te souhaite d'être bien entourée et soutenue, écoutée et entendue...
    Merci pour tout ce dont tu témoignes et qui est si lucide et intense. Normal que cela fasse réagir!
    Mille courages, de la Force, pas seulement la tienne, déjà immense et incroyablement riche, mais aussi celle du Divin. je t'embrasse fort, fort.Eve

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  15. Coucou Belle Dame
    Donnez nous des nouvelles
    Mourir de toutes façons, il n'y a pas de vrai choix, à un moment ça s'arrête, la volonté n'y est pour rien
    inutile de tenter la culpabilisation du refus, simplement il existe des accompagnements riches d'attentions il faut les privilégier si on en a la possibilité
    Mais pour le moment vous êtes vivante, et jusqu'au bout
    Vivre est une force, mourir aussi
    Plein de choses douces pour vous
    Juliette

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